L’imaginaire est la plus belle invention de l’être humain…

Publié par Agnesb62 le

On évoque très souvent le jour de la sortie d’un livre. On parle beaucoup moins de celui où le livre est « enfin » terminé. Car ma question est : un livre est-il jamais achevé ?

Je viens d’envoyer à ma maison d’édition, les Éditions Hélène Jacob, le manuscrit qui sera peut-être mon prochain ouvrage éditéLogo EHJ par elle. Peut-être ? Parce que, fort logiquement, rien n’est jamais acquis et que le contenu doit satisfaire un comité de lecteurs exigeants.

J’avais fait une erreur sur la date à laquelle je devais rendre mon « devoir ». Je pensais qu’elle était fixée à début avril. Mon inconscient s’est rappelé à moi. Je l’aime bien mon inconscient… 🙂 Le 22 février, j’ai donc réalisé que le véritable délai était prévu au 3 mars. J’ai d’abord demandé une petite dérogation. Puis, bien que l’ayant obtenue, j’ai choisi de me donner à fond pendant dix jours et de ne penser qu’à l’achèvement de mon récit. Certes, il était quasiment bouclé. Quasiment seulement.

Je ne suis pas une fille très organisée. J’ai toujours l’impression que le temps est élastique. Du coup, je prévois moult choses à effectuer dans ma journée, ou ma semaine, et me retrouve parfois à devoir en faire plusieurs à la fois pour remplir les objectifs que je me suis moi-même fixés. Même si je me crée une planification, généralement assez légère, je me connais bien : la respecter est plus difficile. Et je suis pourtant la première à ressasser à mes coachés que les objectifs fixés sont de merveilleux boosters.

Ceci dit, je viens de valider mon propos, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Même si j’ai rendu mon livre avec un jour de retard, soit vendredi soir plutôt que jeudi soir, j’ai atteint mon but puisque ma « coach littéraire » m’avait accordée d’abord un délai jusqu’à la fin du mois, puis jusqu’à dimanche soir ensuite (donc, ce soir…). Mon grand plaisir a été pendant ces dix jours de vivre en totale schizophrénie, ma vraie vie évidemment, et dans ma tête, la vie de mes personnages, avec – vous savez ? – le regard qui se perd parfois parce que votre inconscient vient de vous faire un chouette cadeau en vous faisant penser à un détail hyper important pour la force de votre récit. Et  là, vous disparaissez aux yeux de vos proches pour aller immédiatement le mettre en œuvre !

bouton vertJ’ai donc appuyé sur le gros bouton vert, ce qui signifie pour les auteurs EHJ que le manuscrit est envoyé. C’est difficile de reconnaître qu’un livre est terminé. Je suis du genre à remettre en permanence l’ouvrage sur le métier à tisser. À changer un mot, une phrase, à en rajouter… ce qui peut impliquer d’autres modifications ailleurs dans le texte, que je ne dois pas oublier, pour conserver l’unité de l’ensemble.

Écrire un roman, ce n’est pas seulement raconter une histoire. Écrire un polar suppose de surcroît que les faits s’imbriquent les uns avec les autres de manière logique. Et puis, il y a les fôtes d’aureutaugrapheu… Fort heureusement, de ce côté, avec ou sans Word, cela roule « à peu près » pour moi. La grammaire également. Et pour le reste, je dis merci aux logiciels de correction. Car le respect de la typographie, la mise en page, tous les us et coutumes indispensables à la présentation impeccable d’un ouvrage, sont de véritables prises de tête !

Mais je crois que le pire à constater en ce qui me concerne sont les tics d’écriture, ces mots que l’on utilise sans s’en rendre compte, au point d’en abuser. J’ai de ce côté quelques automatismes bien ancrés et m’en suis une nouvelle fois rendue compte ? J’ai tendance à ajouter au récit et notamment aux dialogues, des vocables qui, certes, renforcent le propos, mais peuvent vite devenir urticant pour le lecteur. Les ai-je tous repérer afin d’alléger l’ensemble. Je crains que non. J’aurais pu repasser un coup sur la « bête »… À un moment, il faut accepter de lâcher prise et laisser partir le texte, tel qu’il est advenu.

Hier, j’ai rendu ce nouvel opus. Deviendra-t-il bébé ? Je l’ignore encore. Je suis déjà dans le prochain, dont le canevas et la rédaction sont bien avancés. Je vais me prendre une semaine de « vacances », c’est-à-dire que je vais faire tout ce que j’ai mis de côté ces dix derniers jours. Et il y en a ! Puis je replongerai tête la première pour vivre ma deuxième vie, celle à laquelle nul n’a accès et qui donne naissance à mes livres, vie propre que vous avez également en vous, même si vous n’écrivez pas, ne créez pas (musique, peinture, etc., etc.)

Car l’imaginaire est bien la plus belle invention de l’être humain… Non ? 🙂


Agnesb62

Autrice, romancière, romans historiques, romans policiers, nouvelles, essais sur les compositrices

0 commentaire

Francis Palluau · 6 mars 2016 à 12h32

Finir, c’est étrange, n’est-ce pas. Scénario ou roman, cela se rejoint sur ce point je crois. Il y a une forme d’angoisse tout d’abord à savoir si l’on sera capable de finir, j’entends de bien finir l’histoire, une fin satisfaisante est souvent difficile à trouver, mais aussi justement de mettre le mot de fin, d’accepter que ce soit fini. Je me suis reconnu aussi dans la chasse aux tics… Merci pour ce témoignage !

Mpi Bardou · 6 mars 2016 à 17h59

Ah, la vie de schizophrène des écrivains ! 🙂

isabelle · 7 mars 2016 à 10h16

Oui finir, n’est-ce pas aussi accepter la mort d’une partie de soi tout en attendant de renaître au travers de nouveaux personnages?

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