Le Bleu Asse

Publié par Agnesb62 le

Ah ! Bien sûr, vous pensez que j’ai bu ! Mais de quoi cause-t-elle ? Le seul bleu que l’on connaisse est le « Bleu Klein » ! Mouais, à mon avis, ce brave homme n’a rien inventé du tout et a surtout réalisé un des « coups » les plus audacieux de l’art contemporain, en tirant sa révérence à 34 ans, genre étoile filante.

OK, c’est vrai, je n’y connais rien ! 😀

L’artiste, dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, n’est pas exactement dans la même veine. D’abord, c’est une femme et tout le monde sait que ce n’est pas nécessairement un avantage quand on veut devenir artiste. J’ai déjà travaillé ce sujet dans mon essai sur les compositrices, Comment exister aux côtés d’un génie.

Bleu Asse

Je me suis initiée à la peinture de Geneviève Asse, respectable Bretonne nonagénaire, lorsque j’ai décidé de visiter La Cohue de Vannes. Ce musée des Beaux Arts mérite le détour, essentiellement pour une toile de Delacroix et pour la salle consacrée à cette Morbihannaise, née dans cette même ville en 1923.

J’ai eu un véritable choc en mettant le pied dans cet espace, similaire à celui que j’avais ressenti en contemplant la peinture de Rothko. J’ai découvert le « Bleu Asse », qui m’a autrement ému que celui du peintre cité en tout début d’article. Dès la première toile, j’ai plongé dans l’immensité troublante de cette couleur à la fois profonde et tellement douce.

Geneviève Asse commence à la travailler dans les années cinquante. Ses tableaux sont avant tout une remarquable forme d’épure qui vous invite à la contemplation et à la méditation. Ils se déclinent en un bleu qui semble apparemment unique et se révèle multiple, à l’instar de l’océan et du ciel lorsqu’ils se marient au point de se confondre.

Geneviève Asse côtoie un monde intellectuel et artistique parisien aujourd’hui disparu, multiculturel parce qu’ouvert à l’universalisme. Elle suit les cours de l’École Nationale des Arts Décoratifs et subit les influences de Chardin, Cézanne ou Braque, excusez du peu. Elle se consacre d’abord à des natures mortes avant d’évoluer vers des toiles plus abstraites, dans la mouvance de Serge Poliakoff, Nicolas de Staël, Bram et Geer Van Velde. Elle fréquente Beckett ou Borges, participe à la libération de la France comme ambulancière dans la 1ère DB. Turner l’inspire également, avec une période « blanche » dédiée à la lumière du Sud. Elle travaille vite, debout, dans le silence total, ne reprend jamais une toile.

Le bleu devient peu à peu sa couleur de prédilection, tellement liée à sa région d’origine, le Golfe du Morbihan, lieu enchanteur aux palettes mouvantes à l’instar du bleu Asse qui s’obtient par des ocres, des blancs et des noirs, variant les nuances de dégradés subtils de gris, de verts et de blancs. Contrairement à Klein, elle ne vise pas la monochromie absolue, ses toiles se répartissant au gré de lignes blanches, rouges ou bleues, comme l’horizon lumineux se partage entre ciel et océan.

Geneviève Asse dit puiser son inspiration en elle-même, dans ses idées et ses pensées, son imaginaire s’étant nourri à force de balades sur les sentiers côtiers de la Presqu’île de Rhuys et des ébauches répétées des contours de cette baie unique au monde, sans cesse redessinée par l’ordre des marées.

Pour moi, le choc s’est prolongé un soir, lors d’une promenade sur la côte de la Presqu’île, entre Saint-Jacques et Saint-Gildas. Ce même bleu, cette même harmonie, et le bien-être, évident et magique.

Saint Jacques

 

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Agnesb62

Autrice, romancière, romans historiques, romans policiers, nouvelles, essais sur les compositrices

1 commentaire

Elisa · 11 avril 2017 à 21h34

Merci pour la découverte de cette artiste 🙂

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