Käthe Kollwitz, L’exil n’est pas un choix
Käthe Kollwitz, est née Käthe Schmidt le 8 juillet 1867 à Königsberg. Graveuse, dessinatrice et surtout sculptrice, son œuvre demeure parmi les plus représentatives du 20ème siècle.
Les prémisses
C’est son père qui décèle ses prédispositions pour le dessin. Elle se forme d’abord auprès du graveur Rudolf Mauer et du peintre Gustave Naujok.
En 1885, elle quitte Königsberg pour Berlin et fréquente la Künstlerinnenschule. Elle est témoin des premiers succès de la peinture naturaliste en plein air et commence à s’intéresser à la problématique des rapports entre les sexes.
Les débuts de carrière avec la gravure
Elle épouse Karl Kollwitz, médecin qui veut se consacrer aux populations pauvres des villes. Le couple vit à Berlin dans un quartier ouvrier de la capitale. En 1892 naît leur premier fils, Hans, puis un second Peter,
Impressionnée par « Les Tisserands » de Gerhart Hauptmann, elle entame la réalisation de son premier cycle complet de gravures « Une Révolte des tisserands », qu’elle achève en 1897. A la Grande Exposition d’art de Berlin, Max Liebermann propose à Guillaume II de lui décerner une médaille ce que l’empereur refuse avec indignation.
Käthe Kollwitz et la Sécession
Käthe Kollwitz participe à la première exposition de la Sécession berlinoise et à la cinquième exposition de la Sécession viennoise. C’est à Paris, auprès de Raoul Verlet, qu’elle apprend les bases de la sculpture. Elle expose 13 œuvres au Salon des indépendants à Paris.
En 1912, Käthe Kollwitz est élue membre du conseil de la Sécession berlinoise. En 1913 elle participe à la fondation de la Frauenkunstverband (Association des artistes femmes) qu’elle préside jusqu’en 1923.
De 1913 à 1918, l’artiste se concentre essentiellement sur la sculpture. En octobre 1914, son fils cadet Peter, 18 ans, tombe au champ d’honneur ; Käthe Kollwitz se tourne alors résolument vers le pacifisme.
En 1919, Käthe Kollwitz est la première femme à devenir membre de l’académie des Arts de Berlin. Selon elle, l’art a pour tâche de représenter les conditions sociales des prolétaires. Elle participe à la tentative de construction d’une unité des travailleurs luttant contre le nazisme et est co-signataire d’un appel en juin 1932 pour l’unité d’action entre le KPD et le SPD.
L’arrivée des nazis
Avec l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, Käthe Kollwitz doit démissionner de son poste à l’Académie prussienne des arts et de sa fonction de directrice de la classe de graphisme. Elle ne peut plus exposer, même si une partie de ses toiles a été utilisée par les nazis à des fins de propagande.
Le couple Kollwitz est menacé de déportation, mais leur notoriété les protège.
Käthe Kollwitz, exilée de l’intérieur
En 1934, Käthe Kollwitz commence son dernier cycle de gravure Vom Tode (Mort) qu’elle achève en 1937. Elle est profondément choquée par le pogrom de la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938 et ressent personnellement les effets de la persécution des juifs, le mari de sa sœur Lisbeth étant juif. Elle tentera par la suite de venir en aide à ses collègues juives en leurs fournissant des cartes de rationnement réservées aux Aryens.
Le 19 juillet 1940, son mari, aveugle depuis plusieurs années, meurt à l’âge de 77 ans. En 1942, son petit-fils Peter, 21 ans, prénommé comme son oncle tombé en Flandre en 1914, tombe à son tour près de Rjev.
Fin de vie
Fuyant les bombardements sur Berlin, Käthe Kollwitz trouve refuge en août 1943 chez la sculptrice Margret Böning à Nordhausen, en Thuringe ; puis elle accepte en juillet l’invitation du Prince Ernst Heinrich de Saxe de s’installer au Rüdenhof à Moritzburg près de Dresde. Elle y meurt le 22 avril 1945, quelques jours avant la fin de la guerre.
Le 23 novembre son corps est exhumé et transporté à Dresde pour y être incinéré. Une cérémonie funéraire posthume a lieu le 27 novembre à laquelle participent ses proches ainsi que des invités officiels.
Käthe Kollwitz repose selon son souhait au cimetière central de Berlin-Friedrichsfelde, dans la tombe familiale. Elle était âgée de 77 ans. Sa tombe se trouve dans la section des artistes et a été classée « tombe d’honneur ».
L’exil n’est pas un choix 💔
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