Tahar Ben Jelloun a intérêt à se cramponner aux étagères !!!!
Je fréquente la Médiathèque de ma petite ville (ou gros bourg ? 🙂 ), notamment pour y prendre quelques films de-ci de-là… J’y emprunte aussi des livres, même si je l’avoue, je suis un peu perdue aujourd’hui avec tous les nouveaux auteurs. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas racheter Lire de temps à autre pour me rafraîchir un poil les neurones…
L’autre jour, j’ai décidé de m’attaquer à ce qui m’apparaissait comme une « valeur sûre », un Tahar Ben Jelloun de derrière les fagots. J’ai donc démarré et terminé (là, c’est vraiment héroïque !) Le bonheur conjugal…
4ème de couverture :
« Casablanca, début des années 2000. Un peintre, au sommet de sa gloire, se retrouve du jour au lendemain cloué dans un fauteuil roulant, paralysé par une attaque cérébrale. Sa carrière est brisée et sa vie brillante, faite d’expositions, de voyages et de liberté, foudroyée. Muré dans la maladie, il rumine sa défaite, persuadé que son mariage est seul et unique responsable de son effondrement. Aussi, décide-t-il, pour échapper à la dépression qui le guette, d’écrire en secret, avec l’aide d’un ami, un livre qui racontera l’enfer de son couple. Un travail d’autoanalyse qui lui permettra de trouver le courage de se délivrer d’une relation profondément perverse et destructrice.
Mais sa femme découvre le manuscrit dans un coffre de l’atelier et livre sa version des faits, répondant point par point aux accusations de son époux et relisant, à sa manière incisive et percutante, leur histoire.
Qui a tort, qui a raison dans cette comédie cruelle que se jouent un homme et une femme ? Question épineuse dans une société où le mariage est une institution et une époque où le bonheur conjugal est un leurre. »
Franchement, je me suis vraiment demandé si j’allais vous parler de l’ouvrage. Je n’avais pas lu Tahar Ben Jelloun depuis longtemps, perdue dans ma découverte de nombreux polars, aux histoires souvent élaborées et aux personnages fouillés. Cependant je conservais un excellent souvenir de cet auteur. Plusieurs de ses romans ont survécu dans ma bibliothèque, pourtant régulièrement allégée au fil des ans et des déménagements. J’ai goûté cette écriture riche, placée au service de récits qui entremêlent culture marocaine et modernité occidentale, le choc décrit entre deux civilisations, et évidemment, L’Enfant de sable et La Nuit sacrée.
Que vous dire ? À lire ce roman, j’ai acquis peu à peu le sentiment d’une histoire soporifique et caricaturale, où les rabâchages sont légion. Les personnages sont bâclés et mal dégrossis, leurs dialogues et pensées saugrenus à force d’exagération. À aucun moment, je n’ai pu m’attacher à eux. Les situations sont d’une banalité affligeante. Et quel sujet Tahar Ben Jelloun a-t-il voulu traiter ? Le rapport au handicap qui peut frapper chacun de nous à tout moment ? Ou le rôle de l’artiste ou la place de la femme dans la société ? Est-ce un livre sur le mariage ? Le désir ? Sur la trahison conjugale ? Plus spécifiquement, l’auteur a-t-il voulu dénoncer le rapport déséquilibré au sein de tout couple marocain ? Pourquoi ne rester qu’au premier degré, lourd et convenu ? Rien n’est vraiment approfondi et quel qu’il soit, le thème n’est jamais creusé, ou alors de manière paresseuse et appuyée ce qui rend l’ensemble quasiment grotesque. Ce journal à deux voix est larmoyant et machiste quand le mari s’exprime, revendicatif et hystérique dès que l’épouse prend son tour. D’ailleurs cette seconde partie est tellement expurgée qu’on a l’impression que Ben Jelloun lui-même s’ennuyait mortellement à l’écrire !
Tout auteur a le droit d’être moins bon dans certains de ses livres. Mais être mauvais à ce point, est-ce « normal », dans le sens d’acceptable ? À quoi sert l’éditeur s’il est incapable de tirer la sonnette d’alarme ? Qu’a bien pu faire celui de Ben Jelloun (Gallimard, siouplé !) pour autoriser un tel verbiage, teinté de convenance, de poncifs, sans aucun recul ni mise en relief ? À mon sens, il a dû se trouver dans une de ces situations :
- penser qu’un récit de monsieur Ben Jelloun ne pouvait être que bon,
- avoir hâte de partir en vacances,
- Ne pas oser lui dire qu’il avait pondu de la daube…
Je ne retiens du livre qu’un vieux mâle geignard, une femme aigrie et excitée, une histoire convenue et soporifique ! Quand on connaît le prix de vente de ce genre d’ouvrage et la renommée de l’écrivain, on a le droit de s’attendre à davantage de densité.
Je dois réaménager sous peu mes bibliothèques… Tahar Ben Jelloun a intérêt à se cramponner aux étagères !!!! 😀
0 commentaire
Mpi Bardou · 27 mars 2016 à 10h36
Ah, j’avais adoré aussi « La nuit sacrée » ! On va dire que c’est un accident de parcours… que je ne lirai pas !
claudecolson · 27 mars 2016 à 10h41
Eh bee : tu lui tailles un costard. En tout cas on n’a nulle envie de s’y pencher.
Thierry · 27 mars 2016 à 14h48
Oserais-je vous le dire ? Tahar Ben Jelloun m’a profondément ennuyé dès le départ… J’ai essayé de lire ses premiers romans, je n’en ai fini aucun… Depuis, je n’y touche plus. Ma mémoire l’a classé du côté des écrivains ennuyeux !
Elisa · 28 mars 2016 à 20h17
Une chronique cinglante et qui transpire toute ta déception. Je viens de vivre la même mésaventure avec David Foenkinos et sa Tête de l’emploi. La pression de devoir éditer tous les ans ? Comme si les lecteurs ne pouvaient pas attendre…
agnesb62 · 29 mars 2016 à 9h19
Nous sommes dans la culture de l’immédiateté et du zapping. mais en tant que lectrice, j’ai suffisamment d’auteurs à découvrir ou re-découvrir pour préférer attendre… 🙂