Frère et sœur… et époux !

Voilà un roman policier historique bien sympathique, même si dans un genre similaire, je considère les aventures de Frère Cadfaël mieux tournées et plus touffues.
Sœur Fidelma est donc une religieuse atypique. En fait, elle est plus avocate que nonne, et surtout, elle est mariée… à frère Eadulf ! Nous sommes aux environs de l’an 670, en un temps où les gens de robe pouvaient encore convoler et procréer, alors que Rome cherche à étendre son emprise et faire cesser ces unions qu’elle juge indignes de la « nouvelle foi ».
Pourquoi lire La Colombe de la mort, qui n’est pas le premier d’une série déjà longue ? Parce que l’intrigue se déroule… en Presqu’île de Rhuys, rien que ça !
Donc, 4ème de couv. !
« En route vers l’Irlande en cet été de l’an 670, le navire de sœur Fidelma est attaqué près des côtes bretonnes. Son cousin Bressan, ambassadeur du roi de Muman, est froidement exécuté. Recueillie par un moine en terre étrangère, Fidelma jure de confondre le meurtrier. Seul indice, l’insigne des pirates : une colombe – blason du clan Canao qui règne sur la péninsule…
Abbé despotique, jalousies mortelles, héritage escamoté : l’âme noire des hommes défie l’impétueuse sœur Fidelma et son cher Eadulf dans cette enquête au goût de sang. »
Je vous préviens tout de suite, roman policier historique ou pas, les personnages ont tous des noms à coucher dehors. J’ai craint au départ de ne pouvoir m’en dépêtrer, mais non, j’y ai retrouvé tous mes chats. C’est d’ailleurs grâce à un matou tout noir que Fidelma commence à dérouler la pelote de la vérité.
Cette femme-là, héroïne aux longs cheveux roux – attribut peu banal pour une religieuse –, n’est pas spécifiquement avenante. Elle est cultivée et lettrée, mais son érudition la rend souvent poseuse, voire arrogante. À côté d’elle, son mari se présente comme un moine sympathique, mais légèrement benêt ; comme si l’auteur avait voulu renforcer un point de vue féministe. Fidelma et Eadulf sont époux ; mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne passent pas leur temps en roucoulades et autres serments d’amour ! Ils seraient frère et sœur de sang que cela ne nous étonnerait pas.
Bref ! Nos deux héros débarquent d’abord à l’île d’Hoëdic, puis en Presqu’île de Rhuys, dans des conditions rocambolesques et dramatiques. Ils ont tout perdu dans l’attaque du navire qui les transportait ; mais heureusement, en pays étranger, tout le monde parle le latin, langue universelle bien avant l’anglais ! On se retrouve en terre du seigneur de Brilhac ; Canao, est absent depuis plusieurs semaines, parti rendre visite à son suzerain, le roi des Bretons, Alan de Domnonia.
Je vous ai prévenus ! Les patronymes sont croquignolesques !
Fidelma est une tête de lard, doublée d’une enquêtrice sacrément maligne. Avec une habileté, elle vous démonte une intrigue en deux coups de cuillère à pot ; s’y mélange allègrement marins et paysans, pirates et conspirateurs, noble jouisseur et abbé pervers. Certains moines étroits d’esprit la qualifieraient de diabolique, alors qu’il n’y a chez elle que réflexion, analyse, bref, intelligence,
Car oui, l’abbatiale de Saint-Gildas a lieu d’être dans l’histoire. Son responsable se fait d’ailleurs assassiner !
Plus que le récit, parfois un poil bavard – on est chez les érudits donc on la ramène un tantinet ! –, c’est surtout de retrouver les sites de la Presqu’île qui plaira à celles et ceux qui y vivent ou y viennent en villégiature. Ils regarderont Brillac, Saint-Gildas, les îles et le Golfe en lui-même sous un autre prisme.
Et comme on est en Bretagne, on n’oublie pas les légendes et les cultes anciens ; tout cela, avant que la foi chrétienne ne vienne tout balayer sur son passage. Comme dans tout bon roman policier historique, l’intrigue est bien conduite et les rebondissements abondants ; le suspense est maintenu jusqu’au bout, même si on peut avoir quelques soupçons quant aux coupables.
En conclusion, La colombe de la mort est un récit dense et prenant, attrayant et fort instructif sur les us et coutumes d’un temps qui était peut-être plus évolué que ce que l’Histoire veut parfois nous laisser à penser, le Moyen-Âge. Comme je n’ai lu aucun autre livre de cette série, je ne peux le comparer à d’autres. Pas sûr d’ailleurs que je poursuive l’aventure. Je me méfie de ce genre de saga où finalement, chaque livre ressemble peu ou prou aux précédents. Ou alors, peut-être en vacances…
Agnès Boucher, Auteure & Blogueuse

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