L’amour est partout !

L’amour est partout ! Si, si, et voilà une divine surprise ! Un petit bijou serti de délicieux diamants, comme autant de berlingots à savourer, lentement, avec plaisir et allégresse.
La nouvelle n’est pas un genre prisé en France. Contrairement aux lecteurs anglo-saxons, nous préférons les pavés, le plus souvent indigestes. Comme si le nombre de pages équivalait à valider la valeur intrinsèque d’une œuvre.
C’est oublier que bon nombre de géants de la littérature ont succombé à la magie du (très) court récit : Maupassant, Yourcenar, Zweig, Mansfield, Kafka, Du Maurier, Salinger, Highsmith, etc. Excusez du peu !
4ème de couv.
« Pour tromper l’ennui lors des confessions, un prêtre s’adonne à un penchant secret. Une jeune femme trouve l’amour aux caisses d’un péage. Pendant la guerre, un bouleau blanc sauve un soldat. Un vieux graphologue se met en quête de l’écriture la plus noire. Une fois l’an, une dame pipi déverrouille la cabine numéro huit ».
Voilà un recueil de onze nouvelles et je ne vais pas vous raconter par le menu le contenu de chacune. Écrire sur une dame pipi, un condamné à mort ou un vieux prêtre dans son confessionnal n’est a priori pas très séduisant pour le lecteur, toujours en quête d’originalité ou de « sentiment ».
Celles-ci n’ont comme lien que leur écriture, à la fois tendre et drôle, cynique et cruelle, surprenante et parfois presque désuète, pareille à un scalpel qui saurait inciser de manière émouvante dans la chair de chacun des personnages. Les sujets n’en sont pas nécessairement faciles, on passe de la vieillesse au trépas, du handicap au meurtre, mais à chaque nouvelle terminée, on reste quelques secondes ravie et étonnée de sa chute, avec l’envie de découvrir la suivante pour vérifier qu’elle conserve la même saveur jubilatoire.
Bref, Macadam de Jean-Paul Didierlaurent est un véritable moment de littérature et de poésie décalée, et c’est suffisamment rare pour être souligné.
Agnès Boucher, Auteure & Blogueuse
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