Caricatures
Comme beaucoup d’entre vous, depuis la tragédie qui a eu lieu mardi à Charlie Hebdo, je n’ai guère l’envie d’écrire un quelconque billet, d’écrire tout court. Tout paraît tellement vain à côté de ce que vivent les victimes de ce massacre et la douleur de leurs familles. Le temps est nécessaire pour assimiler, comprendre et choisir la bonne contre-offensive, ce temps que hélas nous nous entêtons à ne pas prendre, vissés sur nos chaînes d’infos, nos réseaux sociaux, pris dans la tourmente du virtuel lorsque ces morts sont bien réelles.
Je ne lisais pas Charlie Hebdo. Je l’ai acheté parfois. J’étais souvent alpaguée par les couvertures. Comme chacun, certaines ont pu me choquer, me questionner, et souvent me faire rire. D’autres étaient moins percutantes. On ne peut pas être tout le temps génial.
J’ai découvert ce qu’était une caricature avec l’album de MLF, alias Maxime Le Forestier, en 1975, « Saltimbanque ». J’ai en même temps découvert Cabu, auteur des caricatures figurant sur la pochette, et aussi Pierre Goldman avec la chanson La vie d’un homme. Je vivais dans une famille parisienne et bourgeoise, où la tendance était de voter au Centre, voire pour certains plus vers la Droite, mais toujours de manière démocratique. À la maison, on lisait Le Monde chaque jour, même si ma mère a pesté à une époque que c’était un journal de gauchiste. Elle l’achetait consciencieusement chaque après-midi, le parcourait avant que mon père ne s’y plonge en rentrant du bureau.
Aujourd’hui, mon père démocrate et féministe dans son genre, est mort depuis belle lurette. Ma mère est une vieille dame qui vit dans son monde et attend de le rejoindre. Mais le drame de mardi l’a bouleversée. Hier soir, au téléphone, elle me disait qu’elle n’arrêtait pas d’y penser.
Nous nous relèverons. Nous survivrons. Nous aurons d’autres caricaturistes, d’autres journalistes, d’autres agents d’entretien, d’autres policiers, d’autres psychanalystes, d’autres économistes partisans de la décroissance, d’autres correcteurs, d’autres directeurs de cabinet, d’autres analystes acérés épicuriens et anarchistes, débridés et outranciers.
Nous aurons d’autres vrais Gaulois !
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Guy · 17 janvier 2015 à 14h05
Merci ? j’aime bien votre note
Durant les années 80/95 chaque semaine je lisais « le canard enchainé » ( ou il y a également de bonnes caricatures ne l’oublions pas ). Le canard était à mon avis « plus lisible » et le contenu en a fait trembler plus d’un.
Parfois, mais peu,je regardais Charlie hebdo et avant lui Hara-kiri lorsque justement les caricatures visaient à exercer le rôle de « soupape » à la vie quotidienne .
Nous verrons bien..
Cordialement